La Charte

  1. Essai de définition générale.

    La Route de Jérusalem est une pratique expérimentale non-violente qui tente de cerner la nature des conflits humains et de rendre compte de l’épaisseur existentielle qui s’y exprime.

    Elle reconnaît dans la ville de Jérusalem, revendiquée comme un lieu saint par les trois religions monothéistes, un espace prototypique de référence permanente où se noue l’écheveau de tous les affrontements actuels au Proche-orient. E1e la considère en outre dans sa dimension mystique comme un élément fondamental de notre imaginaire collectif.

    L’axe central de cette pratique est formé par une marche qui s’effectue suivant des itinéraires traversant par le nord l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie, par le sud l’Italie et l’ex-Yougoslavie pour converger vers la Grèce, la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine et Israël. Les nombreuses personnes qui acceptent de devenir les jalons de ce parcours constituent ce qu’il est convenu d’appeler la Chair de la Route. Ces rencontres personnelles représentent l’ancrage dans l’avenir d’un corps désarticulé à la recherche de son unité fondamentale. La marche met en lumière chez eux comme chez les marcheurs, des potentiels humains insoupçonnés mais aussi des limites.

  2. Quelle Paix recherche la Route de Jérusalem ?

    Bien que non dénuée de dimension utopique, la Route de Jérusalem ne fabrique pas de discours a priori sur les réalités que rencontre sa démarche. Elle adopte une attitude de non savoir destinée à favoriser chez « l’autre » l’émergence d’une parole irréductiblement différente, inscrite dans l’histoire et la mémoire collectives de son peuple.

    Elle est amenée à constater que si tous les processus de paix sont compliqués par des facteurs qui échappent la plupart du temps à la maîtrise des principaux intéressés, la restauration des conflits dans les raisons mêmes qui les suscitent, peut provoquer chez beaucoup une modification considérable du regard sur soi-même et sur l’adversaire.

    La démarche de la Route de Jérusalem s’efforce de recentrer les problèmes en priorité sur la personne humaine. Autrement dit, la paix à laquelle aspire la Route de Jérusalem passe préalablement par la reconnaissance mutuelle des individus et des peuples d’une même condition humaine. L’affirmer ainsi, engage la Route de Jérusalem à poser progressivement les fondements d’une pédagogie du regard qui fait d’elle une Ecole de la paix.

  3. Vivre-autrement-la-Présence-au-monde.

    En ce sens la Route de Jérusalem est un outil offert à qui veut s’en servir selon un consensus minimum dégagé plus haut. Sa pratique est portée par un état d’esprit qui s’exprime dans la vie quotidienne de chacun.

    Par-delà les engagements personnels de ses membres, le groupe adopte face aux évènements une position de neutralité qui ne l’empêche pas de prendre position lorsque la situation l’exige. Il ne pourra éviter cependant les qualificatifs partisans qu’on lui accolera selon les circonstances (pro palestinien ou sioniste, conservateur ou progressiste, papiste etc.).

    La Route de Jérusalem affirme que la complexité des phénomènes humains ne peut être saisie que par une mise à distance raisonnée et dépassionnée qui seule permet de dégager toutes les composantes du problème. Ce refus de parti pris favorise un dialogue permanent avec les personnes (les forces en présence) et contribue ainsi à une meilleure écoute par l’autre d’une identité telle qu’elle se dit elle-même. La Route de Jérusalem se trouve être ainsi au carrefour de plusieurs sensibilités qui la modèlent en la parcourant. Elle laisse entrevoir un au-delà de nos contingences, plus ample, plus vaste, qui ouvre sur l’horizon infini de l’univers et la possibilité réelle d’un « vivre-autrement-la-présence-au-monde ».

  4. Route de Jérusalem et dimension spirituelle du monde.

    La démarche fondamentale de la Route de Jérusalem s’appuie incontestablement sur un acte de foi en l’Homme, enfant de Dieu ou simple mortel, enraciné dans l’Espace et le Temps.

    Son intuition spirituelle la conduit cependant à interroger le rôle des religions institutionnelles lorsqu’elles apparaissent comme l’un des facteurs compliquant les processus de paix. Il s’ensuit alors:

    – que cette démarche conduit le marcheur à rencontrer par la médiation de la personne humaine située concrètement en un lieu, un peuple, une histoire, le mode de sa relation à la Transcendance, sous la forme religieuse qui y a pris naissance,

    – qu’elle contribue à retrouver positivement, grâce aux liens d’amitié noués avec chaque personne, la réalité globale dans laquelle elle est insérée.

  5. Les trois niveaux de présence à la Route de Jérusalem.

    L’organisation de la Route de Jérusalem est composée de trois niveaux de présence autour des marcheurs :

    A. Le Groupe Porteur/ Association. Il leur apporte un soutien matériel immédiat, se réunit régulièrement pour débattre des problèmes concernant la Route et se déclare entièrement engagé par les diverses activités entreprises en son nom, collectivement ou par représentation.

    B. Le Groupe de sympathisants/ Adhérents. Il soutient la Route de Jérusalem à distance sans refuser pour autant d’apporter en cas de besoin une aide ponctuelle, grâce à la compétence de l’un de ses membres.

    C. Le Comité des Sages. Groupe consultatif qui sert de caution aux actions engagées par la Route de Jérusalem et soutient la famille des marcheurs en cas de nécessité. Il intervient également auprès des autorités politiques, religieuses ou administratives afin de débloquer une situation difficile.

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