Historique de l’intuition

Née en 1972 par l’initiative d’André Haim, la Route de Jérusalem promeut la paix en commençant par faire un travail sur soi, de saisie de son identité propre tout en s’ouvrant sur d’autres identités culturelles, dans une attitude non-violente.
L’intuition d’André Haim au tournant des années 1970 est que le conflit israélo-palestinien risque de bloquer et de fausser le formidable enjeu relationnel qu’est l’apparition massive de l’Islam et la présence du Judaïsme dans un pays de culture chrétienne comme la France, mais aussi en Italie ou dans d’autres pays européens. Il faut d’urgence inventer des outils au service des jeunes pour se découvrir au cœur de nos identités différentes dans un respect non-violent.
D’où l’idée de marcher à pied, en acceptant de s’ouvrir à l’hospitalité des peuples rencontrés, de chez soi vers Jérusalem, la ville de ces trois religions. Jérusalem, symbole de Paix, lieu de conflits. Idée folle ? certes… mais combien riche en découvertes, remises en causes et amitiés imprévues pour les marcheurs…

GENÈVE AVRIL 1972 : OUVERTURE D’UNE MARCHE A PIED POUR LA PAIX

L’ouverture de la première Route à pied jusqu’à Jérusalem est faite en 1972, discrètement et à titre personnel par André Haim, prêtre catholique, et par Wilfried Reinermann (22 ans, membre du Service Civil International).
Il s’agit alors, en ouvrant cette « Route de la réconciliation religieuse, de la reconnaissance mutuelle et de la paix », de proposer pour les années à venir une recherche – Ecole pour la paix, à des jeunes, en particulier mais pas seulement, à ceux et à celles qui se réclament du Dieu unique dans la fidélité à la foi vivante d’Abraham au sein des trois communautés juive, chrétienne et musulmane.
L’axe de cette recherche-Ecole est constitué par la marche à pied (étapes journalières de 20, 30, 40 Km) qui fait remonter sans auto-stop des marcheurs, dépendant de l’accueil des hommes et des femmes des pays traversés, jusqu’à la ville de Jérusalem. Jérusalem siège d’enjeux politiques, géostratégiques, ville « trois fois sainte », ville d’une « attente », lieu où se joue « le pari d’une re-connaissance mutuelle ».
Le 26 janvier 1973, André Haim lance de Beyrouth au terme de la 161ème étape de sa marche vers Jérusalem un appel aux jeunes :
« La marche à pied est une invitation à rejoindre une école de la paix qui rencontre aussi la peur, la violence, ne saute pas par dessus les obstacles, les difficultés mais au contraire se propose de restaurer les conflits dans les raisons mêmes qui les suscitent, pour faire en sorte par exemple que ce qui, hier si fortement et aujourd’hui encore, complique la construction de ce monde, je veux dire nos appartenances religieuses, vienne à enrichir, à féconder le travail des hommes ».

SENLIS 1982 : MANIFESTE ET PROJET DE CHARTE

A l’occasion des 10 ans de la Route, un Manifeste est signé à Senlis (Oise) en 1982. Il s’adresse en priorité à des jeunes occidentaux. Cette même année un projet de Charte de la Route de Jérusalem est rédigé. Ces deux textes collectifs gardent à ce jour une valeur de référence.

VILLABE 1983 : CRÉATION D’UNE ASSOCIATION LOI 1901

L’objectif de cette association est de faciliter toute action en lien avec la marche à pied jusqu’à Jérusalem.
La création de l’association « Route de Jérusalem » a permis de préciser l’identité d’un Centre Français de la Route ; de par ses statuts, le Centre affiche sa nature non confessionnelle, garante du respect de la diversité spirituelle de chaque marcheur et de tous ceux qui soutiennent la démarche de la Route.

UN ENJEU POUR LES ANNEES FUTURES

La Route de Jérusalem, lourde et forte de plus de 40 années d’expérience, est une pratique qui, comme le souligne la Charte, tente de rendre compte de l’épaisseur existentielle qui s’exprime à travers les conflits humains. Elle a acquis la conviction qu’une réconciliation inter-religieuse ne pourra pas faire non plus d’auto-stop sur l’épaisseur humaine, celle d’êtres de chair et de sang insérés dans les « peuples ».

L’idée et le défi lancés dès 1972 de voir un jeune juif, un jeune chrétien et un jeune musulman faire la Route ensemble ont fait place en 1976, en Italie, à une proposition de Route faite aux jeunes italiens. En 1979, une Route partait du Piémont en Italie, composée d’un jeune italien et d’une jeune française.
Cette Route franco-italienne a aidé de jeunes grecs à envisager le risque d’un passage à travers la Turquie, sans concrétisation.
Deux jeunes couples italiens sont partis, d’Istanbul, en prolongeant leur expérience de marche en passant six mois auprès des plus pauvres sur d’autres continents.
La perspective d’une Route de la paix toujours plus élargie jusqu’à Jérusalem se poursuit malgré le contexte géopolitique qui est loin de s’apaiser. Elle rencontre la question qui surgit en ce début du XXIème siècle du « vouloir vivre irréductible de chaque peuple », de leurs relations « libres ».

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